La rando de Thines

Aujourd'hui, j'emmène mon troupeau transhumer dans les pentes Cévenoles, à Thines, petit village en bordure sud de notre Ardèche, non loin de la Lozère. Me voilà partie avec ma bande de copains… Ça discute, ça rigole, pendant que, dans le coffre, je m'agrippe. Quelle grimpette jusqu'à Thines ! J'observe le torrent qui saute de bloc en bloc, à pic sous la route, et qui va terminer sa course dans le Chassezac.

Ouaf ! On est arrivés, Régine m'ouvre enfin !

Mon troupeau s'étire peu à peu, et nous arrivons sous le village, perché sur une butte rocheuse. L'église, à l'extrémité sud du promontoire, est si surprenante dans ce lieu isolé et sauvage. Nous visiterons le village au retour. Pour l'instant, place à la montée vers le plateau au milieu des chênes verts et de grandes bruyères blanches en fleurs. Le sol est très caillouteux : ici c'est la partie des collines de schiste.

Alternance de petites pluies, soleil et arc-en-ciel colorant les collines. Babette ne quitte plus sa cape de pluie ! Si elle l'enlève, la pluie revient ! Tout le long de cette montée, à chaque lacet, le village apparaît en contrebas, de plus en plus petit…

Arrivés sur le plateau, il est temps de tirer notre pique-nique du sac ! Car, moi aussi j'ai droit à un en-cas en forme d'os, ouaf !
Et Bernard, quant à lui, sort sa "goutte" d'une petite fiole... Il se prend pour un Saint-Bernard lui ?

La descente vers le village est plus "sportive" pour les "deux pattes". Mon troupeau hésite, contourne; ça glisse un peu avec ces averses… Rien de méchant, je veille au grain, personne ne manque! On arrive au pied du mémorial sculpté en hommage aux maquisards de 1940/1944, puis on serpente dans les ruelles étroites du minuscule village aux toits de lauzes de schistes, serré autour de sa petite église dont rien ne laisse supposer la beauté que nous allons découvrir. Tous les matériaux sont issus de la montagne. Des panneaux explicatifs sont à lire à l'intérieur.

Énigme de cette construction, remarquable par ses proportions et la finesse de son ornementation, mentionnée dans le cartulaire de l'abbaye de Saint Chaffre du Monastier.

Utilisation de grès rose, grès beige, granite bleu, lave noire, pour une polychromie des voûtes et des murs du chœur ...Quel effort surhumain a dû représenter le transport de ces pierres, à dos d'ânes, à dos d'hommes, à travers ces collines, sur des sentiers escarpés. Inimaginable !

Au XIIe siècle, Notre-Dame de Thines était le lieu d'un pèlerinage important, jusqu'au début du XXe siècle. C'était aussi une étape sur la route du pèlerinage vers le Puy (Thines - le Monastier - le Puy).

On accède à l'église par un monumental escalier de 50 larges marches de schiste. On redescend au bas des marches pour trouver la Maison du Gerboul * où nous finirons joyeusement notre journée en prenant un bon verre à la santé de tous !

Samba (fidèle compagne d'Anne-Marie)

* Les "Gerbouls" sont des tonnelets de formes diverses utilisés pour capturer les essaims d'abeilles.