Des gorges de la Borne aux crêtes de Pézouillouze
Sarah, Régine, Babette P, Corrine, Jean-Claude, Gérard étaient les marcheurs de la randonnées « Des gorges de la Borne aux crêtes de Pézouillouze ou plutôt "des crêtes aux gorges…" notre point de départ est Le Bez.
Le Col du Bez est un passage important pour les randonneurs et les cyclistes, offrant des vues panoramiques sur les montagnes environnantes. La région est également connue pour sa production de fromage, de chèvre et de miel, ainsi que pour ses activités de plein air telles que la randonnée, le VTT et la pêche.
Le sentier des muletiers
Au tout début (12eme siècle ?), la ferme du Bez était une dépendance agricole de l'Abbaye des Chambons de Borne. A la suite de la Révolution, l'Etat français s'empara, comme partout sur le territoire national, des biens de l'Eglise. Le domaine du Bez fut vendu à la famille Barrial, ancêtre des propriétaires actuels. Grace à sa position géographique, le Bez s'imposa alors comme relais sur les chemins et drailles qui s'y croisaient : le chemin d'Aubenas vers la Lozère et l'Aubrac et le chemin des Vans vers les hauts plateaux de l'Ardèche et du velay. A la fois ferme et auberge, on assurait en ce lieu le gîte et le couvert aux voyageurs mais aussi l'étable ou l'écurie à leurs animaux...
Albin Mazon, dans son « voyage autour de Valgorge » mentionne, entre autres, ce lieu comme ayant été fréquenté par les muletiers tant et si bien que l'auberge était renommée pour « sa grande marmite d'un hectolitre ». Les muletiers montaient le vin, les châtaignes et les fruits des Cévennes, ils y descendaient le beurre, le fromage et les pommes de terre de la montagne. Les maquignons « d'en bas »faisaient halte au Bez lorsqu'ils se rendaient ou revenaient des foires du Béage, de Ste Eulalie ou bien de Nasbinal ou d'Aumont-Aubrac car ils savaient que là, ils pouvaient se restaurer et se loger et que leurs bestiaux seraient à l'abri et auraient du foin pour reprendre des forces. Les colporteurs s'y arrêtaient mais aussi les collecteurs de gentiane, les cueilleurs de plantes médicinales ( calament, reine des prés, arnica, digitale, pensée, bourrache, millepertuis etc...), sans parler des ramasseurs de vipères, les rémouleurs, les étameurs, les ravaudeurs, les matelassiers ambulants...
Enfin, dès le 19eme siècle, des touristes ont fréquenté cet endroit : les uns pour le bon air réparateur, les autres pour la pêche à la truite fario, ou même pour des « expéditions » nocturnes dans le seul but d'admirer le lever du soleil depuis le Tanargue, certains pour herboriser, d'autres pour laisser guider leurs plumes par la muse Nature, tous ou presque goûtaient à la fête gourmande de la tartine de beurre fraichement sorti de la baratte agrémenté du miel de sapin ou de la gelée de framboises sauvages ; peu boudaient l'omelette aux mousserons de juin ou celle aux cèpes de septembre , ils se régalaient en juillet, à l'ombre des frênes de la rosette de l'hiver, tendre et si parfumée ou de la tomme grasse bien charpentée.
Le Bez offre depuis 1858 aux gens de passage un point de repère particulier : il s'agit de la chapelle dédiée à Notre Dame des Voyageurs exactement située sur la ligne de partage des eaux Atlantique-Méditerranée. Cette chapelle fut édifiée par les Barrial à la suite d'un vœu. Une épidémie ravageait les troupeaux ; Louis Barrial se promit de construire une chapelle si cette malédiction cessait : il tint parole...
Aujourd'hui, Le Bez est toujours voué aux voyageurs, aux touristes, aux randonneurs : deux routes s'y croisent ainsi que trois sentiers de grande randonnée (le GR4, le GR7 et le GR72), le Tour de la Montagne Ardéchoise y passe aussi. Même si les ânes bâtés des randonneurs ont remplacé les mules des muletiers et l'appareil photo le carnet du poète, l'esprit du lieu et sa mémoire demeurent ; l'accueil est toujours chaleureux et la table gourmande. Vue panoramique sur le Mont Lozère et la Margeride.
Nous nous dirigeons vers le sentier qui nous conduit à l’œuvre de Gloria Friedmann sur notre parcours. C’est un véritable refuge pour randonneurs avec une belle bibliothèque, et une vue à 360°.Nous continuons notre chemin sur les magnifiques crêtes. Jean-Claude et Sarah rejoignent le Bez par un autre sentier, cela se nomme « l’appel de l’auberge », comme vous l’avez lu ci-dessus, cette auberge est très réputée pour sa « grande marmite d’un hectolitre ». Aujourd’hui, c’est la marmite d’un hectolitre de chantilly qui y est servie, si j’en crois la photo des glaces (Terre Adélice) qui n’a pas été publiée !
Nous poursuivons le chemin. "Mais qu’est-ce que cette bave blanche sur les genêts ?", s’interroge Régine.
Il ne s’agit pas d’une maladie, cette bave est en réalité un tas de petites bulles produites par les larves d’insectes appelés philènes ou cercopes. Ce sont des insectes proches des cicadelles, cigales et pucerons, qui se nourrissent de la sève des plantes. A l’état larvaire, ils fabriquent ces amas de bave mousseuse pour se protéger des parasites et prédateurs lorsqu’ils prélèvent la sève sur les tiges ou les feuilles des plantes. Les amas de baves blanches sont souvent appelés crachats de coucous ou écume printanière.
Nous admirons le paysage et entamons la descente vers le village de Borne, nous découvrons la Tour, un ancien donjon médiéval quadrangulaire du XIIe siècle qui est l'unique vestige du château de jadis. Accroché sur un rocher, en dessous du petit bourg, dominant les gorges de la Borne, l'édifice a été restauré mais son accès intérieur est interdit par mesure de sécurité. Des fouilles ont été entreprises pour mettre au jour les vestiges de l'ancien logis jouxtant le donjon.
Il fait très chaud, nous longeons La Borne, là où son accès est le plus aisé un panneau « propriété privée » est planté, nous continuons sur un chemin ombragé sans cesser de regarder La Borne qui parfois est vraiment en contrebas, pas de chemin…
Heureusement, Régine a l’œil averti, elle découvre un sentier qui nous conduit à la rivière, l’eau est glaciale mais qu’importe !
Nous poursuivons le chemin ou plutôt la route et découvrons des parkings et des voitures garées, au regard des descentes vertigineuses, nous nous interrogeons et découvrons que ce sont des spots d’escalade et de canyoning.
Nous retrouvons après une petite grimpette nos deux gourmands et quittons Babette qui s’en va loin dans la vallée tandis que nous regagnons d’autres crêtes en voiture. La randonnée pédestre est terminée et nous passons en « mode excursion culturelle ». Nous admirerons 2 autres œuvres de « La ligne de partages des eaux » : L’abbaye de Mazan et La Tour à eau.